Non il ne change pas de couleur par caprice. Non il ne devient pas fou sur du tissu écossais. Le caméléon est sans conteste l’un des prodiges les plus méconnus de la nature. Il mérite que l’on fasse table rase des lieux communs et des idées reçues pour tenter de le comprendre.
Justement, que sait-on du caméléon ?
C’est certainement l’animal sur lequel on a dit et écrit le plus de sottises. Beaucoup d’auteurs qui s’y sont intéressés sont partis de l’idée que le caméléon changeait de couleur par mimétisme en fonction de l’environnement, ce qui n’est pas tout à fait exact. Le caméléon est simplement un animal qui a besoin de chaleur et qui s’est organisé au cours des âges pour capter celle-ci à sa convenance. Quand il est en toute liberté et heureux de vivre, le caméléon est vert, mais lorsqu’il désire se réchauffer, il modèle son corps, l’aplatit, l’incurve et le place de manière à devenir un parfait capteur de rayons solaires. Dans ces moments-là, il est brun. Par contre, il devient noir pour des causes qui n’ont strictement rien à voir avec le mimétisme ou l’influence du milieu.
J’ai pu établir tout cela en étudiant et surtout en regardant vivre mes caméléons, sans les martyriser, juste en les observant de très près. Certes la faculté du caméléon à prendre la couleur de son environnement est réelle, mais il n’y a pas de règle absolue. J’ai successivement photographié mes caméléons dans des lumières colorées, en observant la mutation de leurs livrées. Normalement ils auraient dû devenir jaune à la lumière jaune et verts à la lumière verte, mais je n’ai rien observé de ce genre. D’ailleurs, dans mon étude, je ne me suis pas arrêté aux couleurs que nos yeux voient, c’est à dire au spectre de l’arc-en-ciel. J’ai aussi voulu connaître l’effet produit par les radiations invisibles à nos yeux.
Qu’est-ce qui permet au caméléon de modifier sa couleur ?
La structure de sa peau explique de manière très nette les variations chromatiques de cet animal. Extérieurement, elle est recouvertes de petites irrégularités, de petits granule dans lesquels joueront les coloris. Cette peau constitue l’une des " bizarrerie "du caméléon : elle est à la fois sa protection, sa défense et sa parure.
On a constaté qu’il existe un épiderme superficiel qui renferme des éléments striés sur lesquels les rayons de lumière se décomposent. Puis, plus profondément, il y a le derme où se trouvent de nombreuses fibres nerveuses et des cellules très particulières. Celles-ci renferment des grains de pigments que l’on nomme chromatophores, et qui sont la palette dont le caméléon joue pour modifier ses teintes.
Un fragment de derme de caméléon vu au microscope montre que les chromophores sont disposés selon trois couches superposées : la première, en surface, est jaune, la seconde brun noir, la dernière, la plus interne, rouge. Sous l’influence extrêmement diverses et compliquées, les grains de pigments chromatiques sont susceptibles de remonter vers la surface ou bien au contraire de se contracter en profondeur. Il existe aussi à la limite du derme et de l’épiderme, une couche d’éléments remplis de cristaux blancs nommés iridocytes, et qui forment une couche réfringente, c’est à dire réfractant les rayons lumineux.
Mais tout ceci n’est qu’un phénomène purement optique.
Le caméléon est-il donc un illusionniste de la couleur ?
Très involontairement ! Lorsque la lumière pénètre sa peau et atteint les chromatophores jaunes, le caméléon devrait apparaître de cette couleur. Mais la lumière diffusée devenant bleutée, la combinaison du jaune et du bleu va donner le vert. Cela se produit de la même manière sur les ailes de papillons